Parmi les questions abordées en introduction de la conférence inaugurale du salon, il y avait celle des effets sur l'emploi de ce nouveau dispositif, mis en place le 1er janvier 2009. En écoutant les statistiques commentées, on note que la très grande majorité des entreprises créées en 2008 sont individuelles, d'une part, et que 85% des Sarl sont créées pour protéger son patrimoine. Maintenant que le dispositif de l'auto-entrepreneur permet de créer son entreprise individuelle sans risque, on peut se demander s'il y aura 43000 nouvelles entreprises et à plus forte raison autant de nouveaux emplois !
Cette "révolution" annoncée est plus prosaïquement apparue d'abord comme un "complément d'activité", ensuite comme une simplification de la création d'une entreprise individuelle, mais aussi comme une légalisation d'activités commerciales ou de services qui échappaient au fisc.
Ces bonnes intentions visent à stimuler la création d'activité (à défaut d'entreprise au plein sens du terme), à libérer les initiatives et la créativité des personnes. Devant plus de 6500 personnes, le ministre a salué les milliers d'auto-entrepreneurs, qui bientôt seraient plus de 100.000 !
Je ne parlerai pas aujourd'hui des professions libérales (non réglementées) qui n'avaient pas pu être intégrées au dispositif au départ, mais simplement des activités artisanales qui constituent une forte demande, déjà auprès des sociétés de portage salarial qui ont choisi de se spécialiser dans ces secteurs. Et là, le son de cloche est bien différent, avec Pierre Martin, le président de l'UPA (Union Professionnelle Artisanale) qui nous a parlé d'une «distorsion de concurrence» importante à l'encontre des artisans (les charges des autoentrepreneurs sont moins élevées que celles d'une entreprise classique). Pour lui, le dispositif revient purement et simplement à «développer une économie parallèle avec des acteurs pas ou peu qualifiés qui n'ont comme autre horizon qu'une retraite de misère». Pis, ses effets pervers seraient, à l'entendre, importants. «Nombre de nos collègues ou de patrons de TPE sont incités à se séparer de leurs collaborateurs et leur proposent de passer sous statut autoentrepreneur, a-t-il encore avancé. Et ils leur promettent ensuite de faire appel à eux en sous-traitance une fois que la reprise sera là et qu'ils auront à nouveau des commandes à satisfaire. » (extrait de l'article La violente charge des artisans contre l'autoentreprise)
Seul l'avenir nous dira ce que donnent la progression des chiffres du chômage et celle des inscriptions d'auto-entrepreneurs, mais surtout le solde net d'emplois, sans parler du solde net pour les caisses de l'Etat qui doit soutenir la relance économique.
Pour terminer — pour aujourd'hui — on peut lire avec intérêt la diatribe d'une ancienne ministre (Marylise LEBRANCHU) qui estimait dès l'été dernier que ce dispositif de la loi de modernisation de l'économie était "une faute grave multiple"
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